Univers 04 by Collectif

Univers 04 by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Univers 04
Publié: 2013-02-10T16:30:46+00:00


3

Et maintenant il sent la Terre sous ses pieds. Sa descente a été vertigineuse mais il met enfin le pied sur la terre ferme, pour être accueilli par un soleil matinal et une délégation représentant (du moins c’est ce qu’il comprend, dans sa confusion mentale) le Public et la Culture. Le Public le déçoit. Il ne consiste qu’en une demi-douzaine d’hommes à l’aspect assez banal, en costumes d’un style curieux ; mais la Culture, pourtant moins nombreuse encore, est beaucoup plus joliment incarnée. Il s’émerveille de sa beauté, la contemple presque avidement. Peut-être n’y a-t-il pas d’art – aucun maquillage n’est visible – mais simplement une exaltation des sens. Mary Goodwin, se présente-t-elle, et elle semble s’intéresser vivement à lui tout comme il l’avait imaginé. Bien sûr, ils sont tous fort aimables, cordiaux, attentionnés. Il s’y était attendu mais après ce long isolement, son appétit de compagnie humaine dans son étroite cellule, il est ému, excité, et ne peut retenir sa volubilité. Ils lui parlent et sans aucun doute lui posent des questions et tentent de répondre aux siennes, mais il ne parvient absolument pas à endiguer le flot de ses propres paroles et peut à peine les écouter. Ils n’ont aucune difficulté à comprendre ce qu’il dit, cependant. Leur intelligence, leur réceptivité sont si grandes qu’ils absorbent tout, toutes les descriptions, les observations, les rapports de ses découvertes, sans effort et sans étonnement. Mais il comprend, tandis qu’ils l’escortent sur le terrain d’atterrissage, Miss Goodwin à ses côtés, qu’ils l’invitent à s’adresser au public (ah ! tout de même ! Il y a bien un public, mais les choses doivent se faire protocolairement) du podium de l’Académie. L’Académie ? Des Arts et des Sciences (avec un petit salut à l’intention de Miss Goodwin). Bien sûr. Il s’était demandé pourquoi la Science n’était pas là pour l’accueillir. Il semblait donc qu’à présent les deux se fussent fondus en un.

Ils le font monter dans une voiture qui glisse vers la ville. Il est plus calme, plus éveillé, il trie mentalement ses notes, il en compose d’autres. Sa première impression, en contemplant les vastes avenues, c’est que le monde n’est pas plus vieux mais plus neuf. Et la deuxième, considérant avec une certaine nostalgie ses compagnons au visage lisse, que les gens n’ont pas vieilli mais sont plus jeunes. Ils le conduisent dans un luxueux appartement, pour s’y reposer et se rafraîchir avant d’affronter le grand public.

Il prend une douche, il se rase, il se change pour endosser des vêtements à la mode du temps présent, et chacune de ces activités est une aventure, tant elles lui semblent neuves.

Les représentants du Public prennent congé tandis qu’il effectue ces rites privés, mais laissent Mary, car elle doit l’accompagner à l’Académie avec laquelle elle semble avoir quelque rapport intime. « Quelque rapport intime ? » Était-ce un pincement de jalousie ? Essuyant sa figure avec une serviette il contemple avec plaisir cette beauté brune aux yeux sombres. Elle est accessible ; le lieu et l’instant sont indiscutablement propices ; et cependant, il s’abstient.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.